Le Trac et le Farfadet...
16/01/2008
Hier soir comme bien des soirs, je m’endormais avec une question qui m’occupe et l’habitude que le petit matin m’apportera quelques réflexions mûries. La question du soir était « Comment dépasser ce trac qui me fait perdre mes moyens et fauter à tour de bras… de doigts ? ».Ce matin, j’ouvrais un œil et devant mes yeux ébahis se trouvait un joli farfadet à longues oreilles, assis sur mon oreiller. Le petit être tout vêtu de vert me regardait d’un air bienveillant et sévère à la fois. Les mains jointes entre ses genoux croisés, il se penche vers moi et me glisse en croisant bien mon regard :
- Tu te souviens de l’histoire de Sarah Bernard et de son élève ?…
- Oui, lui dis-je…
- La gamine demandait à la grande dame si elle avait le trac…
- Oui, je me souviens…
- …et elle lui répondit que oui, à chaque fois qu’elle entrait en scène, non ?
- Oui, c’est ça…
- Et l’élève lui avouait qu’elle-même ne connaissait pas le trac, qu’elle n’y était pas sujette.
- Oui ?…
- Et Sarah Bernard lui répondit : « Ne vous en faites pas, ça viendra avec le talent ! », tu te souviens ?
Il parlait doucement de sa voix lente sans lâcher mon regard, comme plongé dans mes yeux.
- Oui mais où veux-tu en venir ? lui rétorquais-je.
- Et bien toi, c’est bien le trac qui te bloque… et tu cherches à t’en débarrasser…
- Et alors ?
- Le trac, c’est un paquet d’émotion à l’état brut. Ton blues sans émotion ne vaut plus rien. Et toi, comment comptes-tu appeler l’émotion quand tu joues ? …en lui téléphonant ? Non, tu l’as déjà là et tu la refuses… Accueille là, ambrasse là, épouse là et laisse toi porter par ce bon trac !
D’évidence le bougre avait raison et sa solution me sautait à la figure. Seulement un doute me prit : qu’en savait-il lui de ça ? Quel vécu pouvait-il en avoir ?
A peine y pensais-je qu’il me dit :
- Tu sais, moi, ça me fait la même chose quand je dois faire un Shlombuck…
- Un quoi ? C’est quoi un shommachin ?
- C’est quand je réveille quelqu’un en l’éveillant… Faut pas que je me plante…
- Tu ne serais pas un peu boudhis… ?
Je n’avais pas fini ma phrase qu’il disparaissait en sautant par la fenêtre fermée…
Les commentaires sont fermés.